Retraite progressive dès 60 ans : un accès élargi à partir du 1er septembre 2025

Le dispositif de retraite progressive, longtemps perçu comme complexe et réservé à une minorité d’actifs, s’ouvre plus largement à partir du 1er septembre 2025. Avec la publication au Journal officiel des décrets n° 2025-680 et n° 2025-681, l’âge d’accès est désormais fixé à 60 ans pour tous les assurés ayant au moins 150 trimestres de cotisation. Cette réforme, issue des engagements pris lors de l’Accord national interprofessionnel (ANI) du 14 novembre 2024, vise à offrir aux seniors une transition plus douce vers la retraite et à favoriser leur maintien dans l’emploi.
Jusqu’à présent, l’âge minimum pour bénéficier de la retraite progressive était déterminé par la formule :
âge légal de départ à la retraite – 2 ans.
Or, l’âge légal dépend de l’année de naissance. Résultat : deux personnes ayant le même nombre de trimestres pouvaient se voir appliquer des conditions différentes.
Exemple concret :
- Né en 1961 → âge légal : 62 ans → retraite progressive possible à 60 ans
- Né en 1965 → âge légal : 63 ans → retraite progressive possible à 61 ans
- Né en 1970 → âge légal : 64 ans → retraite progressive possible à 62 ans
Cette mécanique pénalisait certaines générations et compliquait la compréhension du dispositif. Désormais, la règle est claire : 60 ans pour tous, sans distinction d’année de naissance ni de régime, à condition de justifier 150 trimestres validés.
« Cette uniformisation va enfin rendre le dispositif lisible. On pourra l’expliquer à un salarié en une phrase, et il saura s’il est éligible », souligne Marie Dupuis, conseillère retraite dans un centre CARSAT.
La retraite progressive n’est pas une retraite définitive, mais une phase transitoire. Elle permet à l’assuré de passer à un temps partiel ou temps réduit, compris entre 40 % et 80 % de la durée légale de travail, tout en percevant une fraction de sa pension de retraite.
Pendant cette période :
- Les revenus combinent salaire à temps partiel + part de pension.
- Les droits à la retraite continuent à s’accumuler : au moment du départ définitif, la pension est recalculée, intégrant les trimestres acquis durant la période de retraite progressive.
- Cette formule évite la rupture brutale entre activité et retraite, et permet de préserver un revenu convenable tout en réduisant la charge de travail.
Pour les métiers physiquement ou mentalement exigeants, ce mécanisme peut représenter un véritable amortisseur en fin de carrière.
La réforme ne se limite pas aux salariés du privé. Elle concerne :
- Les salariés et non-salariés agricoles
- Les professions libérales (médecins, architectes, experts-comptables…)
- Les avocats
- Les fonctionnaires d’État et agents publics
- Les fonctionnaires territoriaux et ouvriers d’État (dans le cadre du décret n° 2025-680)
Pour les agents publics, le dispositif est encadré par des règles propres : passage obligatoire à un temps partiel de droit, demande formalisée auprès de l’administration et validation dans le cadre de la gestion des ressources humaines.
Cette universalité vise à supprimer les inégalités d’accès constatées jusqu’ici et à harmoniser les pratiques.
Côté entreprise ou administration, la demande de retraite progressive ne peut pas rester lettre morte. La loi impose désormais :
- Un délai de réponse de deux mois à compter de la réception de la demande.
- Un refus obligatoirement motivé, adressé par lettre recommandée avec accusé de réception.
- Le silence vaut acceptation : si l’employeur ne répond pas dans les délais, l’accord est réputé acquis.
Ces règles visent à limiter les refus arbitraires. Et le mouvement pourrait aller plus loin : un projet de loi en préparation prévoit de renforcer encore le régime du refus, en obligeant les employeurs à fournir une justification plus détaillée, notamment en cas d’incompatibilité avec l’organisation du service.
Le gouvernement avance trois objectifs principaux :
- Améliorer l’accompagnement des fins de carrière
Le passage direct d’un temps plein à la retraite complète est souvent vécu comme un choc, tant sur le plan financier que psychologique. La retraite progressive offre une transition plus souple. - Valoriser l’emploi des seniors
La mesure s’inscrit dans la stratégie nationale pour prolonger l’activité des plus de 60 ans, dans un contexte où le taux d’emploi des seniors reste inférieur à la moyenne européenne. - Rendre le dispositif plus lisible
Les règles anciennes, complexes et disparates, décourageaient les assurés. Une condition claire — 60 ans et 150 trimestres — devrait inciter davantage de personnes à s’y intéresser.
Malgré ses avantages, la retraite progressive reste très peu utilisée. Selon l’Assurance retraite, elle ne représente que 0,5 % des départs à la retraite chaque année. Les raisons :
- Méconnaissance du dispositif
- Complexité administrative
- Réticences de certains employeurs à accepter un temps partiel en fin de carrière
Avec cette réforme, les pouvoirs publics espèrent lever une partie de ces freins et doubler, voire tripler, le nombre de bénéficiaires dans les prochaines années.
Pour bénéficier de la retraite progressive dès le 1er septembre 2025, il faut :
- Avoir 60 ans
- Justifier 150 trimestres validés
- Travailler entre 40 % et 80 % d’un temps plein
- Adresser la demande cinq mois avant la date souhaitée sur le site de l’Assurance retraite (ou auprès de son régime spécifique)
- Informer l’employeur ou l’administration et attendre sa réponse dans le délai légal
Il est conseillé de simuler l’impact financier de la mesure, car la fraction de pension versée dépendra du temps de travail choisi.
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